- Hommage à Bâ Ibrahima Demba
Implacable, dure, et triste ! Oui la nouvelle de la disparition de Bâ Ibrahima Demba - BID pour les intimes - est tombée ce jour terrible du samedi 15 Juin 2013. Même le firmament, peu clément en ce mois de juin, s'est un moment adouci pour communier avec les humains, suite à la disparition de cet être exceptionnel.
Exceptionnel au vrai sens du mot, et dans toute sa dimension : exceptionnel par son intelligence, exceptionnel par sa dimension humaine, exceptionnel par sa rigueur, son intégrité, et sa probité ! En cette période où l'hygiène politique et sociale est souvent à la duplicité, la recherche du gain facile et de promotions mensonges, BID, faisait exception.
Par conséquent, il était cet oiseau rare que chante l’hirondelle pour exprimer à la face du monde que le printemps n'apparait dans l'année qu'une seule fois, ou alors cet astre qui ne pointe qu'une nuit dans le ciel avec une incandescence qui illumine les montagnes, les prés et les cours d'eau.
Cet homme, qui a vu le jour il y a prés de 66 ans, à quelques encablures de Boghé, précisément, à Sarandogou - lieu déjà connu grâce à un autre illustre fils de la localité feuBâ Malik Cheikh - a eu un parcours fulgurant et atypique.
École primaire à Boghé puis Lycée national. Mais son BAC série Mathématique, il l’obtient en dehors du lycée après une année mouvementée, où il enseigna à Aleg, capitale du Brakna. «J'avais quitté le lycée à ma terminale C, expulsé pour un mouvement de grève, j'ai enseigné dans cette charmante ville d'Aleg, tout en préparant mon bac. A l'entrée en 6ème et au CEP, j’avais presque 90% de réussite, j'ai obtenu également mon bachot, c'est un souvenir agréable que je garde de cette année charnière et de mes élèves dont certains avaient presque mon âge», raconte BID.
Après l'obtention du Bac, direction l'Université de Dakar, pour des études de Maths et physiques, qu'il quittera avec d'autres compatriotes étudiants suite également à un mouvement de grève à ce qui deviendra l'UCAD. En ces années de plomb, la contestation couvait presque dans tous les pays, marquée par la lutte pour un devenir meilleur, plus de justice et d’équité, disons, pour des "lendemains qui chantent".
Bâ Ibrahima Demba se retrouvera en France pour la poursuite de ses études de Physique, qui seront sanctionnées par un Doctorat. Ce sera ensuite Sup Telecom., où il aura comme camarade de promotion Monsieur Ahizoune, le patron du directoire deMaroc Telecom, qui garde une indéfectible amitié et une admiration pour ce collègue. D’ailleurs, c’est lui qui le persuadera par suite d’accepter le poste de DG de Mauritel.
«Je travaillais à l’époque à l'ambassade de Mauritanie en France, j’étais fier de représenter notre pays à une cérémonie de remise de diplômes dans une prestigieuse Ecole Française, surtout que le Major de la promotion était un mauritanien du nom de Ba Ibrahima Demba», témoigne l’ancien Ambassadeur Bâ Mohamed Abdallahi.
Assurément, c'était «Le premier de la classe» ! Le mot est lâché. «Du primaire, en passant par le secondaire, jusque dans les Grandes Ecoles, il était toujours le premier», raconte un de ses condisciples. Génie pour certains, savant pour l’ingénieur des statistiques Moussa Camara - père de notre confrère de la Nouvelle Expression - et d'autres, on admirait sa fine intelligence, sa facilité d’adaptation et de compréhension des choses et des matières les plus complexes. L’éminent professeur de médecine Ball Mamadou Diakité révèle :
«On était au lycée de Kaédi, il y avait la distribution des prix en fin d'année scolaire, les premiers prix de français, de mathématiques, de sciences, histoire et géo et même d'éducation physique revenaient à BID». «Ce jour là, se remémore le Prof Ball, on notait la présence des jeunes de Boghé venus pour participer à un tournoi de basket qui manifestaient leurs joies par des applaudissements nourris et des hourras».
En 2005, devenu ministre de l'Equipement et des Transports, au cours de la pose de la première pierre du lancement des travaux de la route Kaédi, Sélibaby, M’Bout, Gouraye, un journaliste s'est amusé à lui demander s’il connaissait le prix du pain ou du sucre. Surpris, BID réplique : Quelle question ? Voulez vous préciser davantage ?
Le journaliste reprend : «Monsieur le Ministre, vous avez occupé à la fin de vos études et votre retour au pays, le poste de DG de la poste, ensuite DG d'une grande entreprise de pêche, avant de rejoindre Ouagadougou ou vous avez passé prés de 10 ans à la tête du plus grand projet du CILSS, puis DG de l'Ecole Supérieure Multinationale de Télécommunications de Dakar au Sénégal, après DG du CEFED, vous vous retrouvez DG de Mauritel, et aujourd’hui Ministre, voilà l'origine de la question posée». Alors, souriant, il répond humblement : «Malgré tout ce que vous dites je connais bien tous les prix».
Il était humble et rigoureux la fois dans sa vie de tous les jours. «S'il dit non, c'est non, s'il est d'accord, il s’exécute», explique un cadre de Mauritel, qui ajoute : «‘’L'intégrité et le travail bien fait’’, c’est le crédo de M.BA». Modeste, d'un commerce agréable, Ministre, s'il disposait d’un laps de temps, il devenait berger en suivant ses vaches. C'était un peul qui chérissait et maîtrisait parfaitement la syntaxe et la morphologie de cette langue, ayant fait également des études à l'INALCO.
Un berger se rappelle : «Notre voiture était empêtrée dans le sable, j'ai demandé à d'autres bergers de nous aider en expliquant que c'était la voiture d'un ministre, quelle ne fut ma surprise en écoutant leurs réponses : ‘‘Ce monsieur là n'a jamais vu les bancs de l'école, à plus forte raison un poste ministériel, les ministres nous les connaissons, si vous voulez on peut vous aider en nous donnant quelques sous».
En France, où il travaillait un moment au Commissariat de l'Energie Atomique àSarclay, on lui demande s'il voulait être naturalisé. Il répond sèchement : «Je suis mauritanien et fier de ma nationalité, je ne veux pas de vos avantages, je retourne au pays».
C'était un surdoué qui aimait son village natal, sa contrée et la Mauritanie. Dans sa localité, il existait «le forage de Sory», qui signifie également Ibrahima, où on puisait l’eau gratuitement durant toutes les saisons de l’année. Longtemps alité, il a fait face à la maladie avec dignité, jusqu’au dernier souffle.
A sa famille éplorée
A ses épouses,
A Hadja, Aguibou, Karim
A sa chère maman
A ses frères et sœurs
A tous ses parents
Aux orphelines Manthita et la petite Hadja
A ses petits fils
A ses nombreux amis, à Saréndogou et Boghé
A toute la communauté Hallaybé et M’Boonaabé
A toute la Mauritanie, à toute l’Afrique
Nous présentons nos sincères condoléances.
Un baobab est tombé mais ses racines sont profondément enfouies dans le sol faisant vivre d'autres générations. Madiba indiquait qu'il faut classer les hommes en trois catégories : l’or, l'argent et le bronze. Ba Ibrahima Demba appartenait incontestablement à la première catégorie, l’or pur, «de l’or dans sa brillante intelligence, de l’or dans sa chaleur et son humanité, de l’or dans sa tolérance et sa générosité».
Le pays tout entier a perdu un digne fils, un patriote qui croyait à la Mauritanie. Il demeurera à jamais une référence, un exemple qui inspirera les fils et filles de ce pays. Enfin on peut conclure par une citation de son ami l’un des meilleurs journalistes de ce pays, Ablaye Ciré Bâ : Adieu BID !
«Que des mains de miséricorde te fassent bon accueil au bout de ton ultime chemin. Que les verts pâturages de Kuumen te soient une douce et éternelle demeure». QU'Allah, l’Unique et Le Tout Puissant t’accueille en Son Vaste paradis.
Amin
Innaa Lillahi Wa Innaa Ileyhi Rajioune
Exceptionnel au vrai sens du mot, et dans toute sa dimension : exceptionnel par son intelligence, exceptionnel par sa dimension humaine, exceptionnel par sa rigueur, son intégrité, et sa probité ! En cette période où l'hygiène politique et sociale est souvent à la duplicité, la recherche du gain facile et de promotions mensonges, BID, faisait exception.
Par conséquent, il était cet oiseau rare que chante l’hirondelle pour exprimer à la face du monde que le printemps n'apparait dans l'année qu'une seule fois, ou alors cet astre qui ne pointe qu'une nuit dans le ciel avec une incandescence qui illumine les montagnes, les prés et les cours d'eau.
Cet homme, qui a vu le jour il y a prés de 66 ans, à quelques encablures de Boghé, précisément, à Sarandogou - lieu déjà connu grâce à un autre illustre fils de la localité feuBâ Malik Cheikh - a eu un parcours fulgurant et atypique.
École primaire à Boghé puis Lycée national. Mais son BAC série Mathématique, il l’obtient en dehors du lycée après une année mouvementée, où il enseigna à Aleg, capitale du Brakna. «J'avais quitté le lycée à ma terminale C, expulsé pour un mouvement de grève, j'ai enseigné dans cette charmante ville d'Aleg, tout en préparant mon bac. A l'entrée en 6ème et au CEP, j’avais presque 90% de réussite, j'ai obtenu également mon bachot, c'est un souvenir agréable que je garde de cette année charnière et de mes élèves dont certains avaient presque mon âge», raconte BID.
Après l'obtention du Bac, direction l'Université de Dakar, pour des études de Maths et physiques, qu'il quittera avec d'autres compatriotes étudiants suite également à un mouvement de grève à ce qui deviendra l'UCAD. En ces années de plomb, la contestation couvait presque dans tous les pays, marquée par la lutte pour un devenir meilleur, plus de justice et d’équité, disons, pour des "lendemains qui chantent".
Bâ Ibrahima Demba se retrouvera en France pour la poursuite de ses études de Physique, qui seront sanctionnées par un Doctorat. Ce sera ensuite Sup Telecom., où il aura comme camarade de promotion Monsieur Ahizoune, le patron du directoire deMaroc Telecom, qui garde une indéfectible amitié et une admiration pour ce collègue. D’ailleurs, c’est lui qui le persuadera par suite d’accepter le poste de DG de Mauritel.
«Je travaillais à l’époque à l'ambassade de Mauritanie en France, j’étais fier de représenter notre pays à une cérémonie de remise de diplômes dans une prestigieuse Ecole Française, surtout que le Major de la promotion était un mauritanien du nom de Ba Ibrahima Demba», témoigne l’ancien Ambassadeur Bâ Mohamed Abdallahi.
Assurément, c'était «Le premier de la classe» ! Le mot est lâché. «Du primaire, en passant par le secondaire, jusque dans les Grandes Ecoles, il était toujours le premier», raconte un de ses condisciples. Génie pour certains, savant pour l’ingénieur des statistiques Moussa Camara - père de notre confrère de la Nouvelle Expression - et d'autres, on admirait sa fine intelligence, sa facilité d’adaptation et de compréhension des choses et des matières les plus complexes. L’éminent professeur de médecine Ball Mamadou Diakité révèle :
«On était au lycée de Kaédi, il y avait la distribution des prix en fin d'année scolaire, les premiers prix de français, de mathématiques, de sciences, histoire et géo et même d'éducation physique revenaient à BID». «Ce jour là, se remémore le Prof Ball, on notait la présence des jeunes de Boghé venus pour participer à un tournoi de basket qui manifestaient leurs joies par des applaudissements nourris et des hourras».
En 2005, devenu ministre de l'Equipement et des Transports, au cours de la pose de la première pierre du lancement des travaux de la route Kaédi, Sélibaby, M’Bout, Gouraye, un journaliste s'est amusé à lui demander s’il connaissait le prix du pain ou du sucre. Surpris, BID réplique : Quelle question ? Voulez vous préciser davantage ?
Le journaliste reprend : «Monsieur le Ministre, vous avez occupé à la fin de vos études et votre retour au pays, le poste de DG de la poste, ensuite DG d'une grande entreprise de pêche, avant de rejoindre Ouagadougou ou vous avez passé prés de 10 ans à la tête du plus grand projet du CILSS, puis DG de l'Ecole Supérieure Multinationale de Télécommunications de Dakar au Sénégal, après DG du CEFED, vous vous retrouvez DG de Mauritel, et aujourd’hui Ministre, voilà l'origine de la question posée». Alors, souriant, il répond humblement : «Malgré tout ce que vous dites je connais bien tous les prix».
Il était humble et rigoureux la fois dans sa vie de tous les jours. «S'il dit non, c'est non, s'il est d'accord, il s’exécute», explique un cadre de Mauritel, qui ajoute : «‘’L'intégrité et le travail bien fait’’, c’est le crédo de M.BA». Modeste, d'un commerce agréable, Ministre, s'il disposait d’un laps de temps, il devenait berger en suivant ses vaches. C'était un peul qui chérissait et maîtrisait parfaitement la syntaxe et la morphologie de cette langue, ayant fait également des études à l'INALCO.
Un berger se rappelle : «Notre voiture était empêtrée dans le sable, j'ai demandé à d'autres bergers de nous aider en expliquant que c'était la voiture d'un ministre, quelle ne fut ma surprise en écoutant leurs réponses : ‘‘Ce monsieur là n'a jamais vu les bancs de l'école, à plus forte raison un poste ministériel, les ministres nous les connaissons, si vous voulez on peut vous aider en nous donnant quelques sous».
En France, où il travaillait un moment au Commissariat de l'Energie Atomique àSarclay, on lui demande s'il voulait être naturalisé. Il répond sèchement : «Je suis mauritanien et fier de ma nationalité, je ne veux pas de vos avantages, je retourne au pays».
C'était un surdoué qui aimait son village natal, sa contrée et la Mauritanie. Dans sa localité, il existait «le forage de Sory», qui signifie également Ibrahima, où on puisait l’eau gratuitement durant toutes les saisons de l’année. Longtemps alité, il a fait face à la maladie avec dignité, jusqu’au dernier souffle.
A sa famille éplorée
A ses épouses,
A Hadja, Aguibou, Karim
A sa chère maman
A ses frères et sœurs
A tous ses parents
Aux orphelines Manthita et la petite Hadja
A ses petits fils
A ses nombreux amis, à Saréndogou et Boghé
A toute la communauté Hallaybé et M’Boonaabé
A toute la Mauritanie, à toute l’Afrique
Nous présentons nos sincères condoléances.
Un baobab est tombé mais ses racines sont profondément enfouies dans le sol faisant vivre d'autres générations. Madiba indiquait qu'il faut classer les hommes en trois catégories : l’or, l'argent et le bronze. Ba Ibrahima Demba appartenait incontestablement à la première catégorie, l’or pur, «de l’or dans sa brillante intelligence, de l’or dans sa chaleur et son humanité, de l’or dans sa tolérance et sa générosité».
Le pays tout entier a perdu un digne fils, un patriote qui croyait à la Mauritanie. Il demeurera à jamais une référence, un exemple qui inspirera les fils et filles de ce pays. Enfin on peut conclure par une citation de son ami l’un des meilleurs journalistes de ce pays, Ablaye Ciré Bâ : Adieu BID !
«Que des mains de miséricorde te fassent bon accueil au bout de ton ultime chemin. Que les verts pâturages de Kuumen te soient une douce et éternelle demeure». QU'Allah, l’Unique et Le Tout Puissant t’accueille en Son Vaste paradis.
Source : L'Eveil Hebdo (Mauritanie)
Amin
Innaa Lillahi Wa Innaa Ileyhi Rajioune